Les jeux d'argent et l'éthique du bandit manchot

  • Aug 19, 2021

Le cadre légal des jeux d’argent au Canada, partagé entre le Code criminel et les règlements provinciaux, peut présenter de sérieux désavantages pour le joueur. Les messages publicitaires entourant les jeux de casino vantent souvent le gain et la victoire, ce qui n’est pas toujours très éthique. Il est facile de croire que jouer, c’est gagner lorsqu’on mise des sommes importantes. À ce moment précis, on oublie presque qu’il existe une deuxième possibilité : perdre. Certaines orientations provinciales, perçues comme plus conciliantes envers les opérateurs qu’envers les joueurs, alimentent un débat bien réel.

Le bandit manchot…

Le bandit manchot désigne, par extension, le casino. Plus précisément, les machines à sous sont à l’origine de cette appellation : des objets inanimés dotés d’un seul bras articulé à droite, d’où l’adjectif « manchot ». Elles vous prennent souvent bien plus d’argent que vous n’en remportez, exactement comme un bandit qui vous dépouille dans une ruelle sombre par une nuit noire. Et la machine à sous est l’un des jeux d’argent les plus pratiqués au Canada, tant dans les établissements terrestres que sur les plateformes autorisées.

Le jeu d’argent en ligne au Canada

Au Canada, l’offre de jeux en ligne est autorisée et contrôlée par les provinces. Depuis 2022, l’Ontario a ouvert un marché réglementé aux opérateurs privés sous la supervision d’iGaming Ontario, tandis que d’autres provinces misent surtout sur leurs propres plateformes publiques. À différents moments, certaines administrations ont envisagé ou tenté de restreindre l’accès aux sites non autorisés au nom de la protection des consommateurs et des revenus publics. Ces approches ont suscité des controverses, notamment au Québec où des initiatives de blocage de sites ont été contestées devant les tribunaux. L’objectif implicite demeure souvent de limiter la concurrence étrangère et de canaliser l’activité vers le cadre provincial autorisé.

Le revers d’une confiance aveugle

Tous ceux qui ont gagné ont un jour tenté leur chance. C’est le récit auquel beaucoup adhèrent lorsqu’ils appuient des cadres plus restrictifs ou des monopoles provinciaux. Mais tenter sa chance implique aussi la possibilité de perdre, parfois très gros. On devrait surtout se demander comment et dans quelle mesure ces règles protègent réellement les parieurs. Comment seront gérés les remboursements, la restitution des gains en cas de fraude ou de défaillance technique ? Par qui et en faveur de qui les litiges entre joueurs et opérateurs seront-ils tranchés, et avec quelle transparence ? Ces questions, parmi d’autres, devraient trouver des réponses claires dans les textes et les mécanismes de supervision. Et qu’en est-il de la lutte contre l’addiction au jeu ? Quels recours pour celles et ceux qui perdent tout et entraînent leurs proches avec eux ? Jouer, gagner ou perdre, voilà le discours le plus honnête pour décrire des jeux fondés, pour l’essentiel, sur le facteur chance.

Le Canada se veut un pays où le jeu en ligne est encadré plutôt que laissé au hasard. Mais les sociétés provinciales et certains casinos terrestres demeurent prudents et n’entendent pas partager aisément leur clientèle. Difficile de s’y plier sans s’interroger lorsque les mesures de protection du joueur paraissent insuffisantes. L’éthique du bandit manchot repose alors sur des justifications discutables. Pourtant, les jeux d’argent restent très populaires partout au pays, du Québec à l’Ontario en passant par la Colombie-Britannique.